Q.o.d.

Le bulletin paroisial de cette semaine m’apprend l’existence d’un principe oublié de l’Eglise, non pratiqué

: “Ce qui concerne tous doit être discuté et approuvé par tous.” Quod omnes tangit, ab omnibus tractari  et approbari debet.

“J’en ai conscience, Père, Dieu tout-puissant : c’est à toi que je dois consacrer l’occupation principale de ma vie. Que toutes mes paroles et mes pensées s’entretiennent de toi !

“Car ce don de la parole que tu m’as accordé ne peut pas me rapporter un plus grand bienfait que celui-ci : te servir par la prédication et montrer qui tu es. Tu es le Père, le Père du Fils unique. Je dois le montrer au monde qui l’ignore et à l’hérétique qui le refuse.

“Ma volonté n’a pas d’autre raison d’être ; et j’implore la grâce de ton assistance et de ta miséricorde, pour que tu gonfles du souffle de ton Esprit les voiles déployées par notre foi et par notre profession de foi, et que tu nous pousses dans cette course de la prédication. Car il ‘n’est pas infidèle à sa promesse, celui qui a dit :”Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira” Mat7, 7

“Etant pauvres, nous demanderons  ce dont nous sommes dépourvus ; nous fournirons un effort acharné pour scruter les paroles de tes prophètes et de tes Apôtres, nous frapperons à tous les accès d’une compréhension qui nous est fermée. Mais c’est à toi d’exaucer la demande, d’accorder ce qu’on cherche, d’ouvrir la porte fermée.

“En effet, nous vivons dans une sorte de torpeur, à cause de notre engourdissement naturel ; nous sommes empêchés de comprendre tes mystères, par une ignorance invincible due à la faiblesse de notre esprit. Mais le zèle pour ton enseignement fortifie notre perception de la science divine, et l’obéissance de la foi nous soulève au-dessus de notre capacité naturelle de connaitre.

“Accorde-nous dons le sens exact des mots, la lumière de l’intelligence, la noblesse du langage, l’orthodoxie de la foi ; ce que nous croyons, accorde-nous aussi de l’affirmer. Puisque nous connaissons par les prophètes et les Apôtres un seul Dieu, toi le Père et … Jésus-Christ, qu’il nous soit donné aujourd’hui … de te célébrer comme Dieu, mais un Dieu qui n’est pas solitaire, et de te prêcher sans commettre d’erreur.”

(Hilaire, La Trinité, 1, 37-38)

 

“Rien n’est plus froid qu’un chrétien indifférent au salut des autres.

“Tu ne peux pas ici alléguer ta pauvreté, car la veuve qui a donné deux petites pièces viendra t’accuser (cf. Marc 12,42) … Tu ne peux pas  mettre en avant ton ignorance, car (les Apôtres), eux aussi, étaient des gens sans culture. Tu ne peux alléguer ta mauvaise santé, car Timothée était dans le même cas : il avait de fréquents malaises … Chacun peut aider son prochain, s’il veut accomplir ce qui est à sa portée.

“Ne voyez-vous pas les arbres qui ne donnent pas de fruit, comme ils sont vigoureux, beaux, bien développés, feuillus et hauts ? Pourtant, si nous avions un jardin, nous préférerions beaucoup avoir des grenadiers et des oliviers donnant du fruit. Les autres arbres sont destinés à l’agrément, non à l’utilité. S’ils en ont une, elle est mince.

“Tels sont ceux qui ne s’intéressent qu’à leurs propres affaires ; ou plutôt ils ne sont même pas comparables, car ils ne pourraient servir que de bois à brûler, tandis que les arbres dont nous parlions peuvent servir dans la construction pour les charpentes ou les boiseries. Telles étaient aussi les vierges de la parabole, pures, bien vêtues, chastes mais ne rendant service à personne (cf. Mat 25, 1-12). C’est pourquoi elles brûlent. Tel est le sort de ceux qui ne nourrissent pas le Christ.

“Considère que parmi ceux-là aucun n’est accusé pour des péchés qu’il aurait commis : ni débauche, ni parjure, ni rien de pareil ; mais ils sont accusés de n’avoir aucunement aidé leur prochain. C’est le cas de celui qui avait enfoui son talent (cf. Mat 25, 24-30) : il peut présenter une vie sans désordre, mais il est inutile au prochain.

“Comment un tel homme peut-il être chrétien ? Réponds-moi. Si le levain mêlé à la farine ne la transforme pas tout entière en lui communiquant son action, est-ce que c’est vraiment du levain (cf. Mat 13,33) ? Ou encore : si un parfum ne répand pas sa bonne odeur sur ceux qui approchent, est-ce que nous appellerons cela du parfum ?

“Ne dis pas : “Il m’est impossible d’influencer les autres”, car si tu es chrétien, il est impossible que cela ne se produise pas. .. N’insulte pas Dieu. Si tu dis que le soleil ne peut pas briller, tu insultes Dieu, tu fais de lui un menteur. Il est plus facile pour le soleil de ne pas chauffer et de ne pas briller… que pour le chrétien de ne pas témoigner !

“Si nous orientons bien notre vie, tout cela se fera, par une sorte de conséquence naturelle. La lumière du chrétien ne peut échapper à personne ; un flambeau aussi brillant ne peut être caché par personne.”

(Jean Chrysostome, Homélie sur les Actes des Apôtres, 20,4)

 

“Avant tout, vivez unanimes à la maison, ayant une seule âme et un seul cœur tournés vers Dieu. N’est-ce pas la raison de votre rassemblement ?

“Qu’on n’entende pas parler parmi vous de biens personnels, mais qu’au contraire tout vous soit commun. Votre frère prieur doit distribuer à chacun… selon ses besoins. Vous lisez en effet dans les Actes des Apôtres : “Ils avaient tout en commun” (4, 32) et :” On distribuait à chacun selon ses besoins” (4, 35).

…”Vivez tous dans l’unité des cœurs et des âmes, et honorez les uns dans les autres Dieu dont vous êtes devenus les temples.

…”Pas de singularité dans votre tenue ; ne cherchez pas à plaire par vos vêtements, mais par ce que vous êtes intérieurement.

“Quand vous sortez, allez ensemble ; lorsque vous êtes arrivés, restez ensemble. Dans votre démarche, votre maintien, votre aspect et tous vos gestes, n’offensez le regard de personne, mais que tout s’accorde à la sainteté que vous recherchez…

“Que nul d’entre vous ne travaille pour soi, mais que tout soit fait pour l’utilité commune, avec un zèle plus grand et un élan plus assidu que si chacun agissait pour soi.  On dit en effet de la charité qu'”elle ne recherche pas son intérêt” (1 Cor 13,5). Cela veut dire qu’elle fait passer le bien commun avant le bien privé, et non le bien privé avant le bien commun. C’est pourquoi plus vous aurez le souci du bien commun de préférence à votre bien propre, plus vous découvriez vos progrès. Qu’ainsi l’usage indispensable des biens qui passent soit dominé par la charité, qui demeure toute l’éternité.

…”Quiconque a porté préjudice à son frère par des injures, des médisances ou une accusation grave, se préoccupera de remédier au mal qu’il a causé en présentant sans tarder ses excuses. Et celui qui a été lésé, qu’il pardonne sans discuter. Si l’offense a été réciproque, qu’ils se pardonnent mutuellement leurs offenses : qu’ils se rappellent cette prière (le “Notre Père”) que vous répétez trop fréquemment pour ne pas la dire avec un cœur pur…

…”Que le Seigneur vous accorde la grâce d’observer tous ces préceptes avec amour, en personnes éprises de la beauté spirituelle, répandant par votre vie la bonne odeur du Christ, non comme des esclaves soumis à la loi, mais comme des hommes libres établis sous le régime de la grâce…”

(Règle de Saint-Augustin, I,2-3.8, IV,1-3, V,2, VI,2, VIII,1)

 

“A la mort de ses parents, Antoine resta seul avec une jeune sœur ; il avait alors entre dix-huit et vingt ans. Il prit donc soin de la maison et de sa sœur.

“Moins de six mois après le décès de ses parents, il se rendait comme d’habitude à l’église en méditant. Il considérait comment les apôtres avaient tout quitté pour suivre le Sauveur, qui étaient ces hommes qui, dans les Actes des Apôtres, vendaient leurs biens et en apportaient le prix aux apôtres pour que ceux-ci les distribuent à ceux qui en avaient besoin, et aussi quel grande espérance leur était réservée dans le ciel. Comme il pensait à tout cela, il rentra dans l’église au moment de la lecture de l’Evangile et il entendit le Seigneur qui disait à un riche : “Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donnes-en aux pauvres ; puis viens, suis-moi et tu auras un trésor dans les cieux” (citation libre de Matthieu 19,21 dont voici le texte exact : “Si tu veux … donnes-en le prix aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, suis-moi !”)

“Antoine eut l’impression que Dieu lui adressait cet évangile et que cette lecture avait été faire pour lui. Il sortit aussitôt de l’église et donna aux gens du village ses propriétés familiales, quinze arpents d’une terre fertile et excellente, pour que lui-même et sa sœur n’en aient plus l’embarras. Après avoir vendu tous ses biens mobiliers, il distribua aux pauvres la grosse somme d’argent qu’il en avait retirée, en ne mettant de côté qu’une petite part pour sa sœur… Il confia sa sœur à des vierges dont il connaissant la fidélité et la mit dans leur monastère pour qu’elle y fasse son éducation.

“Quant à lui, il se consacra désormais, près de sa maison, au labeur de la vie ascétique… Il travaillait de ses mains, car il avait entendu cette parole : “Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus !” (2Tessaloniciens 3,10). Il achetait son pain avec une part de ce qu’il gagnait et il distribuait le reste aux indigents. Il priait sans cesse… et il était si attentif à la lecture qu’il ne laissait rien perdre des Ecritures : il retenait tout et , par la suite, sa mémoire put remplacer les livres.

“Tous les habitants du village et les gens de bien qui le fréquentaient, en le voyant vivre ainsi, l’appelaient ami de Dieu. Les uns l’aimaient comme leur fils et les autres comme leur frère.”

(Athanase, Vie d’Antoine, 2-4, Patrologie grecque, 26,841-845)

“Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par la langue, ni par les coutumes. Ils n’habitent pas des villes qui leur soient propres ; ils ne se servent pas d’un dialecte extraordinaire ; leur genre de vie n’a rien de singulier. Ce n’est pas à la pensée et à la recherche d’un homme de génie que leur doctrine doit sa découverte ; ils ne sont pas, comme tant d’autres, les adeptes de tel ou tel courant philosophique. Cependant, tout en vivant dans les cités grecques ou barbares suivant le lot échu à chacun et se conformant aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste, ils donnent l’exemple d’une vie sociale admirable ou plutôt, comme on dit, paradoxale. Ils habitent leur patrie, mais comme des hôtes de passage ; ils participent pleinement à la vie publique, mais avec détachement, comme des étrangers. Chaque nation est pour eux une patrie, et chaque patrie, une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde et ils engendrent des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils ont en commun la table, mais non le lit. Ils vivent “dans la chair”, mais non “selon la chair” (2Cor 10,3). Ils demeurent sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, mais, par leur vie, ils s’élèvent au-dessus des lois.

“Ils aiment tout le monde, mais tout le monde les persécute. Ils sont méconnus, et on les condamne. On les met à mort, mais c’est ainsi qu’ils trouvent la vie… Les Juifs leur font la guerre et les Grecs les persécutent, mais ceux qui les haïssent ne savent pas dire pourquoi.

“Bref, les chrétiens sont dans le monde ce que l’âme est dans le corps : l’âme est répandue dans tous les membres du corps et les chrétiens sont répandus dans toutes les villes de la terre. L’âme, tout en habitant le corps, n’est pas du corps et les chrétiens, tout en habitant “dans le monde” ne sont pas “du monde” (Jean 17, 11.17). L’âme, bien qu’invisible, est prisonnière du corps visible ; de même la présence des chrétiens dans le monde est visible, mais l’essentiel de leur religion est invisible. La chair… fait la guerre à l’âme innocente parce que celle-ci l’empêche de se vautrer dans les plaisirs ; de même le monde hait les chrétiens innocents parce qu’ils s’opposent à ses plaisirs. L’âme aime la chair et les membres qui la détestent ; de même les chrétiens aiment ceux qui les haïssent. L’âme est emprisonnée dans le corps, mais elle le soutient ; de même les chrétiens sont dans le monde comme dans une prison, mais ce sont eux qui soutiennent le monde. L’âme immortelle habite une “tente” mortelle (2Cor 5,1) ; ainsi les chrétiens vivent en pèlerins parmi les choses qui passent, en attendant l'”incorruptibilité” dans les cieux (1Cor 15,53). Mortifiés dans le manger et le boire, l’âme devient meilleure ; ainsi les chrétiens, condamnés à mort tous les jours se multiplient de plus en plus …

“C’est clair : tout cela ne peut être le fruit de l’action humaine, mais de la puissance de Dieu, et c’est une preuve de sa présence.”

(Lettre à Diognète, 5.7 vers 160, auteur inconnu)

 

 

 

 

 

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