Le Noël Provençal c’est de la magie qui rentre dans les cœurs des grands et des petits. Celui qui ne connait pas l’importance de la période calendale en Provence, ne connait rien. La tradition du Noël Provençal est tellement vivante que chaque foyer se fait une joie d’y répondre : le repas maigre, le gros souper, le Cache Fiou, les 13 desserts, les trois nappes …  la crèche !  En Provence, la fabrique de santons est plus artisanale qu’industrielle et nombreuses sont les foires aux santons qui rapportent l’essentiel des revenus aux santonniers. En Provence il n’est pas besoin de croire à quoi que ce soit pour participer à cette magie que l’on retrouve aussi dans les spectacles comme la Pastorale de Maurel car il s’agit plus d’un conte sur la Provence et de ses habitants que du récit de la Nativité. En vrai, c’est du domaine de l’identitaire ! Fifres, tambourins et galoubets chantent dans les oreilles pour Noël le folklore Provençal. La crèche, traditionnellement se fait dans toutes les églises. Ce tableau permettait de prendre connaissance de la scène de la nativité de l’enfant-Dieu à une époque où lire et livres étaient rares. Y figurent : Jésus nouveau-né, Marie, Joseph, l’ange Boufarèu, les bergers et beaucoup d’animaux : un âne, un bœuf, des moutons et quelques chiens. C’est un paysage champêtre dans lequel se tient un abri de fortune où le malheureux couple se sera réfugié pour la naissance de l’enfant. Plus tard, viendront les trois rois mages qui complèteront le tableau. Voilà pour les personnages “bibliques”. Et comme nous sommes en Provence, les Provençaux y sont aussi présents : le ravi, le puisatier, le boulanger, l’aveugle et son fils, la poissonnière, le boumian et la boumiane, le pistachié, le curé…  et le maire ! La crèche Provençale met à l’honneur l’édile de la ville et la société civile. Qu’est-ce qui nous permet de penser que ce tableau qui retrace tout simplement une aventure humaine de pauvres gens dépourvus de l’accueil chaleureux d’une famille aimante, tels des migrants dans un pays inconnu, n’a pas sa place dans une mairie de Provence ? Si le maire de Beaucaire se veut dans la crèche en mairie, grand bien lui fasse ! Ah beleu que l’estranger du nord, l’esprit un peu coincé, n’adhère pas au folklore des gens d’ici et voit dans l’espèce une entorse à Sainte-Laïcité. Pauvre de lui ! La crèche Provençale issue de la tradition et du folklore n’est jamais qu’une photo de la vie d’aujourd’hui et d’ici peu de temps de nouveaux personnages se joindront aux anciens, parmi lesquels les migrants, accueillis comme il se doit par une population Provençale heureuse de perpétuer son identité et son folklore et de fêter Noël selon ses traditions.

On peut aussi faire le pendant avec la corrida, abominable pratique, bien moins populaire et ancienne que la crèche Provençale. La corrida qui fait l’apologie de la souffrance animale et met en scène des barbares acclamés par des aficionados écervelés bénéficie d’une exception légale car “tradition” mais ce n’est pas une tradition de chez moi, les gens en Provence ne sont pas des barbares et n’aiment pas faire souffrir les bêtes.

Je pense qu’il est juste de s’interroger sur la cohérence de notre système, la réponse se trouve certainement dans le “en même temps” si cher à ce pays.